Dossier Laméca

Musique et condition servile aux Antilles françaises au 18ème siècle

VI. CONCLUSION

 

L’étude de la musique des esclaves dans le contexte colonial d’ancien régime met en évidence un certain nombre d’éléments qui en font un bon exemple de la mesure d’une histoire souterraine, et s’oppose, sur certains points, à une vision fixiste. Souvent présentée comme la seule façon d’aborder la musique des esclaves, la mise en avant exclusive de la dimension de la rétention (le maintien de caractères musicaux hérités de l’Afrique) débouche quelquefois sur une conception d’une histoire immobile rejoignant les préjugés coloniaux que l’on veut dénoncer (l’Afrique, les Antilles ou…les Noirs, au choix, n’ont pas d’histoire). Si la rétention est essentielle, et sa prise en compte un acquis de l’historiographie, il est important de souligner la part historique de la musique des esclaves ; elle est un élément décisif d’une histoire qui ne peut se dire autrement. Son étude montre que les stratégies de survie et de résistance sont multiples. De ce point de vue la construction de cette histoire rejoint une réflexion sur l’authenticité d’une culture qui peut tout autant être interprétée comme une fidélité à un passé refoulé que comme une prise en compte de la dimension historique et mêlée de ce passé. L’appréciation de l’authenticité s’écarte dans ce cas de toute conception essentialiste. La fidélité à soi et à l’histoire dont on se sent la résultante est autant dans l’adaptation de la tradition au visage toujours mouvant du présent que dans la conservation à l’identique de cette mémoire ; elle est en ce sens autant une production qu’une sauvegarde. Elle est, en définitive, le signe d’une liberté en action.

 

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SOMMAIRE

I. Histoire culturelle et sources coloniales
II. Musiques des esclaves
III. Les colons face à "la musique" des esclaves
IV. Fonctions de la musique des esclaves
V. Contacts de civilisation
VI. Conclusion
Bibliographie
Conférence audio

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par Dr Bernard Camier

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