Interview audio Laméca
Robert Dieupart (2013)
Propos recueillis par Marie-Line Dahomay (Laméca) le 6 mars 2013 (séquences 1 à 12) et le 15 mars 2013 (séquences 13 à 26) au domicile de Robert Dieupart (Saint-François, Guadeloupe).
Durée : 1h57
Une interview du programme de collecte de la mémoire orale des musiques en Guadeloupe (fonds Palé pou sonjé), mené par Laméca depuis 2005.
Après traitement, les interviews de ce programme sont disponibles pour une écoute sur place à l'espace musique & cinéma de Laméca. Certaines sont mises en ligne sur ce site, partiellement ou dans leur intégralité.
Film réalisé par le Conseil Départemental de la Guadeloupe (Laméca) à l'occasion de l'édition 2010 de Kréyòl an Mouvman placée sous l’hommage à Robert Dieupart (1945-2020).
A propos de Robert Dieupart (1945-2020)
Robert Dieupart est une grande figure militante de la radio guadeloupéenne. Du milieu des années 1970 jusqu'au début des années 2010 il est producteur-animateur de nombreuses émissions : Black News, Bèk a Zòfi, Ti Kamo, Vwayaj, Pòtré kraché...
Robert Dieupart est né en février 1945 à N'Djamena (Tchad), son père faisant partie des Forces Françaises présentes au Tchad à cette époque-là. Il ne gardera aucun souvenir de son pays natal, ni de sa mère et de ses proches, car dès l’âge de 5 ans son père l’emmène en Guadeloupe où il réside à Saint François dans la famille paternelle. Grand fut le choc de la séparation avec ses parents. Il a dû s’adapter à ce nouvel environnement dont il ne comprenait ni la langue, ni les croyances et les mœurs. Il garde le souvenir de son attachement à son grand père guadeloupéen agriculteur qui l’emmenait souvent avec lui dans son jardin…
En 1952, accompagné de sa tante, il part rejoindre son père à Paris sur le paquebot de la Compagnie Générale Transatlantique « Le Colombie ». Scolarisé dans une pension religieuse, Robert s’applique à devenir un « bon petit français ». Il obtient chaque année le « Prix de Camaraderie », seul prix reçu sur durant ces année-là, car éprouvant un profond désintéressement pour l’école, son travail demeure insuffisant. Dès la sixième, il est mis dehors de l’école.
Face à la rudesse du système éducatif paternel, Robert n’aspire qu’à sa liberté. Le jour anniversaire de sa majorité, à 21 ans, il quitte la maison familiale. Il exerce toutes sortes de métiers, typographe, vigile, vendeur de journaux, … mais ne gardera jamais une stabilité d’emploi de par sa soif de liberté et son refus manifeste de subordination. Il devient un fervent défenseur du parti révolutionnaire afro-américain « Black Panther » fondé en 1966 à Oakland.
L’année 1967 réconcilie Robert à ses racines guadeloupéennes. C’est au sein de l’Association Générale des Travailleurs Antillo-Guyanais (AGTAG), de l’Association Générale des Etudiants Guadeloupéens (AGEG) et surtout auprès de Lucien Gatibelza, membre du GONG, qu’il découvre la réalité coloniale de son pays, le massacre des évènements de mars et mai 67, les grands débats sur l’indépendance, l’histoire et la culture, la musique gwoka et ses personnages tels Guy Conquet, Vélo, Robert Loyson. Le créole devient alors sa langue première.
Fort d’une solide formation révolutionnaire « gongiste » (GONG), Robert Dieupart rentre en Guadeloupe avec Lucien Gatibelza en février 1972, dans l’idée de construire un peuple nouveau. Mais au bout de huit mois sa « foi de militant combattant » étant rudement éprouvée, il repart en France puis vers Algérie, ce pays qui a aussi participé de sa formation militante au fil de rencontres avec Daniel Boukman, Sarah Maldoror, Mario de Andrade, Roland Thésauros, Agostinho Neto devenu par la suite le président de la République d’Angola.
En 1974, il rentre avec sa compagne définitivement en Guadeloupe. Il retrouve toute une génération de militants qu’il avait connus, Julien Mérion, Rozan Lancrerot, Armand Bastide… en chef de file son mentor Yvon Leborgne et le chanteur Guy Conquet.
Plus d'infos (article de Guadeloupe la 1ère) >>>
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© Médiathèque Caraïbe / Conseil Départemental de la Guadeloupe, juillet 2020