Dossier Laméca
Les frustrations coloniales et l’apparition de la société de consommation dans les Antilles françaises après-guerre
INTRODUCTION
Le dossier propose de présenter le lien que l’on peut établir aujourd’hui entre les frustrations coloniales dans les sociétés antillaises et l’apparition progressive d’une société de consommation en Guadeloupe et en Martinique au cours de la seconde moitié du XXe siècle.
Les frustrations constituent un phénomène psychologique d’abord individuel mais qui dans certains cas devient collectif. Dès lors, elles cessent de rentrer uniquement dans le champ de la psychologie et sont un objet d’étude pour toutes les sciences sociales qui étudient les groupes humains, notamment leur évolution dans le temps et dans l’espace comme le veut l’histoire.
En ce qui concerne la société de consommation, il s’agit d’un type de société récent au point de vue historique. Elle se caractérise succinctement par l’avènement d’une économie dirigée par les secteurs de l’industrie et celui des biens et services, en accordant aux classes moyennes et populaires un accès très large à leurs productions, dont l’objectif est de croître en permanence. Ce modèle socio-économique qui se diffuse progressivement dans le monde après la Seconde Guerre mondiale et son impact ont déjà bien été étudiés dans les sociétés dites « occidentales ». Néanmoins, il existe peu d’études historiques sur le fondement, la constitution et l’impact de ce modèle dans les sociétés coloniales antillaises, au sein desquelles, les frustrations collectives sont liées à des hiérarchies socio-raciale et socio-économique rigides qui remontent à la formation de leurs sociétés esclavagistes à la fin du XVIIe siècle ».
L’analyse qui suit s’inscrit dans le champ de la socio-histoire et se nourrit d’une approche transdisciplinaire portée par son auteur. Elle s’appuie en effet sur la méthode historique basée sur la recherche et le croisement de sources. Cependant, les données recueillies sont exploitées à la fois, en utilisant des concepts propres à l’histoire, et en empruntant d’autres concepts à la sociologie générale, à la sociologie des mouvements sociaux, à la psychologie sociale, à l’économie et aux sciences politiques.
L’idée ici est d’observer le fil conducteur historique qui nous transporte de la société post-esclavagiste du XIXe siècle jusqu’au changement social qui émerge à partir des années 1960. Il s’agit de considérer la permanence des frustrations sociales après l’abolition de l’esclavage en 1848, la période charnière entre 1946 et 1960, puis le déclenchement d’une nouvelle organisation socio-économique, favorable au développement des premières sociétés de consommation dans la Caraïbe.
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SOMMAIRE
Introduction
1. De l’abolition de l’esclavage à la Seconde Guerre mondiale
2. La lutte pour le changement social après la loi d'assimilation du 19 mars 1946
3. La Guadeloupe et la Martinique s’orientent vers des sociétés de consommation à partir des années 1960
Illustrations audio-vidéo
Bibliographie
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par Maël Lavenaire-Pineau
© Médiathèque Caraïbe / Conseil Départemental de la Guadeloupe, décembre 2021