Dossier Laméca
1802
La rébellion en Guadeloupe
PERSONNAGES
LE COMBAT DE RICHEPANCE
Le général Richepance, dépêché par Bonaparte à la Guadeloupe en mai 1802, à la tête d'une expédition armée de 3500 hommes, devait y perdre la vie après s'être acquitté de sa mission. Or, ce sont précisément les objectifs réels de cette mission qui alimentent aujourd'hui le débat historique.
Richepance est-il venu rétablir l'esclavage, comme il est généralement admis, ou seulement mater une rébellion militaire d'officiers, mulâtres pour la plupart, qui depuis octobre 1801 ont osé bafouer l'autorité du Premier Consul par le renvoi de son représentant légal, le capitaine général Lacrosse ? La teneur des sources en notre possession nous oblige, si l'on veut y apporter des éléments de réponse, à prendre en considération à la fois les instructions écrites et celles données oralement par Bonaparte, les précautions oratoires contenues dans les diverses proclamations, ou encore les ambitions personnelles de ce général avide d'honneurs et de titres.
En dépit du fait que les intentions du Premier Consul de restaurer l'ancien régime colonial ne font guère de doute, il faut surtout tenir compte de l'évolution du discours officiel au fil des événements de cette année 1802. D'autant qu'au moment où l'escadre conduisant Richepance à la Guadeloupe quitte le port de Brest, le 1er avril, la conjoncture à Saint Domingue et à la Guadeloupe contraint Bonaparte à fournir des apaisements aux anciens esclaves :
A Saint Domingue et à la Guadeloupe, il n'est plus d'esclaves ; tout y est libre, tout y restera libre… Les principes sacrés de la liberté et de l'égalité n'éprouveront jamais aucune atteinte.
Richepance ne fait, du reste, pas la moindre allusion aux esclaves ou à la question de la liberté dans sa première proclamation, datée du 7 mai. Par contre, son discours est entièrement destiné aux rebelles qu'il cherche successivement à impressionner, puis à rassurer avant de les menacer :
Ces guerriers que j'amène parmi vous...ces braves soldats qui tant de fois ont affronté la mort dans les combats contre les ennemis de la France, ne seront ici que les protecteurs de vos foyers... Vous en devancerez les effets par un retour volontaire au bon ordre, par une entière soumission au gouvernement que je représente, par l'oubli de toutes les haines... Mais s'il fût encore des insensés capables de vouloir, comme par le passé, méconnaître le pouvoir légitime, sur leur tête aussitôt éclaterait la vengeance nationale si longtemps contenue : la mort et la honte deviendrait leur partage.
Delgrès est d'ailleurs le premier à confirmer cette option dans sa proclamation du 10 mai :
Le général Richepance, dont nous ne connaissons pas l'étendue des pouvoirs, puisqu'il ne s'annonce que comme général d'armée, ne nous a encore fait connaître son arrivée que par une proclamation dont les expressions sont si bien mesurées que, lors même qu'il promet protection, il pourrait nous donner la mort sans s'écarter des termes dont il se sert.
Confronté à la réalité du terrain, au bout de trois jours de violents combats, Richepance modifie sa stratégie. Il a de toute évidence pris connaissance des arguments développés par les rebelles dans cette proclamation du 10 mai affichée dans les rues de Basse-Terre. Il y a surtout découvert leur animosité à l'encontre de Lacrosse et leur grande anxiété face à un éventuel rétablissement de l'esclavage. Ses deux proclamations du 14 mai semblent destinées à fournir des assurances sur les objectifs de sa mission qu'il définit comme le rétablissement de l'ordre. Pour ce faire, Richepance y prend le titre de capitaine général, ce qui implicitement, évince officiellement Lacrosse de toute fonction dans l'île. D'autre part, il associe au pouvoir les deux autres magistrats dépêchés par Bonaparte pour administrer la Guadeloupe, mais que Lacrosse avait contraint de le rejoindre dans son exil à la Dominique, le préfet colonial Lescallier et le commissaire de justice Coster. Mais en l'occurrence, ce sont les rebelles qu'il met en accusation :
L'intérêt que je prends à la colonie de la Guadeloupe, et l'espoir que j'ai apporté en y arrivant de travailler à sa prospérité, m'imposent aujourd'hui la loi de ne rien négliger pour faire abandonner aux hommes de couleur leur funeste résolution de s'opposer à l'établissement des trois magistrats que le Gouvernement a désignés pour la gouverner. Si, pour ramener leurs esprits aux principes de modération et faire cesser une guerre cruelle dans la partie de la Basse-Terre, il ne faut que détruire les craintes qui leur ont été inspirées sur la perte de la liberté dont jouissent indistinctement les citoyens français, je m'empresse de les assurer de nouveau qu'il ne sera apporté à cette liberté la plus légère atteinte ; j'ajoute à cette assurance la promesse d'un oubli entier de ce qui s'est passé jusqu'à ce jour. Cessez donc de résister à une autorité légitime et bienfaisante, et par votre retour à l'ordre, jouissez, comme tous les citoyens français, de la paix et de la liberté pour laquelle les hommes que vous combattez ont aussi combattu.
Richepance s'emploie simultanément à définir la révolte qu'il a entrepris de combattre :
Quelques chefs factieux, qui auraient pu trouver leur salut dans la résipiscence et la soumission à l'autorité légitime, ont, dans leur fuite, entraîné vers la Basse-Terre des noirs armés ou des cultivateurs égarés par de fausses suggestions, ou coupables d'intentions les plus criminelles. Ils en ont détourné d'autres de leurs ateliers, en leur faisant accroire que les forces arrivées de France, que les magistrats de la République venaient pour les mettre dans les fers. Déjà le général en chef a fait une proclamation pour détruire ces insinuations perfides et mensongères. Les rebelles persistent néanmoins et conduisent, par leur résistance, des hommes ignorants et séduits à une perte certaine…
Après cet avertissement paternel, et le pardon du passé, promis par le général en chef, ceux qui continueraient dans le désordre et la rébellion n'auront à reprocher qu'à eux-mêmes leur malheur et leur exemplaire punition.
La détermination de Richepance d'en finir au plus vite avec les rebelles s'accroît au fil des jours, d'autant qu'il est à la fois surpris et fortement agacé par l'extraordinaire résistance de l'ennemi. A partir du 21 mai, désormais pourvu de l'artillerie qui lui faisait défaut et des renforts en hommes que lui a procuré Pélage, il déclenche le processus de fin de guerre. Au plus fort de la bataille finale ses propos s'avèrent ironiques et violents à l'image de sa proclamation du 26 mai :
Il a été dit en France, il y a deux ans, que la Révolution était finie ; et cela fut prouvé aussitôt. Que quelques agitateurs à la Guadeloupe ne croient donc pas prolonger plus longtemps dans ce petit coin de la République ces mouvements convulsifs du corps politique ; ils ne peuvent plus servir qu'à faire anéantir à l'instant ceux que cela pourrait amuser. Tous ceux qui se rendront coupables des torts que je dénonce ici, peuvent donc s'attendre aux punitions les plus exemplaires. L'armée a été chargée de combattre ; elle l'est donc de vaincre : ce sera encore à elle à punir ou à pardonner.
Le 28 mai 1802, à la suite de l'explosion de d'Anglemont, Richepance semble lui-même choqué par la tournure prise par les événements. Il déplore le nombre de victimes et s'efforce de se justifier :
Depuis longtemps, citoyens, nous avions prévu les suites funestes de la désobéissance à l'autorité légitime ; nous n'avons cessé de prémunir les esprits égarés par quelques ambitieux sans raison comme sans talents, contre les maux que devaient leur causer un système de rébellion et de résistance au Gouvernement.
Les noirs cultivateurs ont attiré plus particulièrement notre sollicitude, par la facilité qu'ont les agitateurs, dans leur moins d'instruction et leur plus grande simplicité, à les tromper et à les entraîner avec eux à une perte certaine…
Nous avons prédit tout ce qui est arrivé. C'est en gémissant que nous voyons, dans les succès complets de l'armée, un nombre de victimes qui auraient pu, en suivant nos salutaires avis, jouir d'une existence heureuse sur leurs habitations respectives, en se conservant à la société, à leurs femmes et à leurs enfants.
La fin de la phase active des combats inaugure pour le général Richepance le début d'une nouvelle ère : celle des règlements de compte, durant laquelle il dévoile de nouveaux aspects de sa mission initiale. Dans un premier temps, il confirme bien sa priorité : restaurer l'autorité de l'Etat en gommant les errements du passé. Cela passe par des gestes symboliques, et en particulier, par le retour en Guadeloupe de l'amiral Lacrosse. Dès le 8 juin, Richepance, dans une lettre adressée à ce dernier, y fait allusion en ces termes :
Le préfet Lescallier vous éclairera sur la situation de la Guadeloupe. Et d'après les renseignements qu'il vous donnera, vous pourrez juger du moment où il sera convenable que vous paraissiez dans cette colonie avec votre qualité de capitaine général. Il me tarde que la dignité du gouvernement français reçoive, dans votre personne, la réparation qui lui est due.
Ces propos, tenus dix jours après les événements du Matouba, confirment, si besoin est, que l'expédition Richepance était bien une expédition punitive dirigée contre les officiers de couleur et le gouvernement provisoire qui ont "usurpé" le pouvoir depuis octobre 1801. Le titre de capitaine général n'a donc été pris par Richepance que pour tenter d'obtenir la reddition des rebelles puisqu'il se déclare prêt à le lui restituer dès son retour dans l'île. Dans une nouvelle proclamation datée du 14 juillet 1802, Richepance prépare les habitants à ce retour de Lacrosse :
La confiance établie entre les citoyens, sur les véritables intentions, la force et les moyens de coercition de l'autorité, sur le courage et la discipline des braves qui composent l'armée de la Guadeloupe, font présager à tous une prospérité prochaine. Le retour du capitaine général Lacrosse, dans cet état de choses, met le sceau à l'allégresse publique, puisqu'il achève la réparation qui lui était due, au Gouvernement et à la nation, pour l'injure qui leur a été faite en sa personne, et que la colonie reverra un chef qu'elle estime.
Lacrosse lui-même, une fois rentré dans la colonie, le 4 août, confirme au ministre des colonies la réparation de l'outrage fait à sa fonction par les rebelles :
Je vous prie de vouloir bien assurer le Premier consul de tout le dévouement que je porterai dans l'exécution de ses ordres pour la prospérité de cette colonie, qui se trouve enfin rendue à la subordination, à la tranquillité, par la destruction ou l'expulsion des rebelles qui l'avaient livrée à toutes les fureurs de la révolte et de l'anarchie.
Toutefois, en dépit de ces propos, destinés à marquer la punition de la Guadeloupe voulue par Bonaparte, Richepance n'entendait nullement partager le pouvoir avec Lacrosse qui fut carrément réduit au silence et privé de la moindre initiative, d'autant que la nouvelle mission que lui avait confiée le Premier consul était de partir prendre possession de l'île de Tabago, restituée par les Anglais. Mais privée des 500 hommes de troupe exigés pour cette opération, Lacrosse se contente de différer son départ. La mort prématurée de Richepance, le 3 septembre, sera pour lui l'occasion de se prévaloir de son titre de capitaine général pour reprendre en mains les rênes de la colonie.
La Guadeloupe, désormais pacifiée, Richepance, fort de ses succès, en tire toutes les conséquences. Seules les initiatives qu'il prend à partir du mois de juillet nous confortent dans l'idée que la part des instructions données oralement par Bonaparte comportait des zones d'ombre, volontairement passées sous silence par le général en chef pendant la première phase de sa mission. Tout comme Leclerc le fit à l'encontre de Toussaint Louverture au début de juin 1802, Richepance déporte à Brest l'autorité usurpatrice, à savoir Pélage et l'ensemble de son gouvernement afin d'y être jugés. Il en fait de même avec un bon millier de militaires, ces soldats de couleur dont la plupart avaient pourtant combattu à ses côtés au sein des troupes françaises. Richepance s'en méfie d'autant plus qu'il a été surpris par leur ardeur au combat et par leur habileté à se servir des armes. C'est en ces termes qu'il s'adresse à Bonaparte dans une lettre dans laquelle il met en garde contre toute possibilité pour les noirs de détenir des armes. Parallèlement, il prend toute une série de mesures les concernant. La plus spectaculaire est la déportation de tous ceux qui ont survécu aux combats et qui ont été arrêtés et réunis, dans un premier temps, par milliers aux Saintes. Une nombreuse correspondance, adressée au gouvernement français, en provenance des Etats Unis et des colonies espagnoles, au cours de cette année 1802, permet d'en reconstituer une partie de l'itinéraire. C'est le cas dans cet extrait émanant du Commissariat général aux Etats Unis adressé au ministre Decrès le 16 août :
Le citoyen Arcambal, Commissaire de la République à New York, m'informe de l'arrivée dans ce port, du 20 au 25 de ce mois, de plusieurs bâtiments formant partie d'une division de frégates aux ordres du Capitaine de vaisseau Lacaille, laquelle a été expédiée de la Guadeloupe par le Capitaine Général Richepanse avec la mission de porter à Carthagène dix huit cent hommes de couleur rebelles, pris les armes à la main, que ce Général a déportés, et qu'il envoyait offrir au Roy d'Espagne pour être employés aux mines de cette Province : ce sont à peu près là les termes du rapport qu'a fait le chef d'escadron Maucomble, premier aide de camp du Général Richepance, qui était chargé de cette mission. Les officiers du Roy d'Espagne ont refusé de recevoir ces individus. La Division a été obligée de quitter Carthagène et les chefs de l'expédition n'ayant pas jugé à propos de retourner à la Guadeloupe, le Commandant a résolu de faire voile pour New York, et d'expédier la frégate Le Didon au Général Richepance pour recevoir de nouveaux ordres. La frégate La Cocarde, ayant eu des avaries telles, il est possible qu'elle ait relâché à Cuba.
Une chose plus embarrassante encore, Citoyen Ministre, c'est la présence, dans un pays comme celui-ci, d'un aussi grand nombre de déportés. Le citoyen Arcambal me marque que cet encombrement a déjà produit des effets qui font frémir, qu'il est absolument nécessaire d'y apporter remède : et que le commandant exige qu'on allège les bâtiments. Cette opération n'est pas sans inconvénient dans un pays étranger et surtout dans celui-ci. Et si le chef de la Division persiste à attendre ici les ordres de la Guadeloupe, il faut prévoir de grands embarras et des incidents très désagréables.
Cet aspect fort méconnu de la politique de Richepance révèle la volonté de ce dernier de profiter des circonstances pour tenter de s'enrichir par la vente de noirs de la Guadeloupe dans des colonies à esclaves. Le fait est attesté par le préfet Lescallier qui dénonce dans un rapport de nombreuses autres pratiques illicites utilisées à des fins lucratives par le général en chef. Quoiqu'il en soit, une bonne partie de ces cargaisons fut purement et simplement soit abandonnée sur des rivages du continent américain (Floride et Nouvelle Angleterre entre autres), soit vendus dans certaines îles (comme la Jamaïque, Cuba et Santo Domingo), soit expédiée en Corse où l'on en retrouve au bagne d'Ajaccio.
Le dernier point de la politique de Richepance vis à vis des noirs concerne cette question du rétablissement de l'esclavage. La rumeur publique lui attribue, en effet, cette responsabilité au point d'en faire le seul et unique but de sa mission. Plus récemment, la rue Richepance, à Paris, a même été débaptisée sous ce prétexte, gommant du même coup toute autre action de ce général de la Révolution que cette seule expédition qui fut pourtant sa dernière mission. C'est surtout oublier que Richepance n'a fait qu'appliquer les instructions d'un Napoléon Bonaparte dont bien des rues continuent de porter le nom, tout comme le Fort qui domine la baie de Terre de Haut et son vis à vis, le Fort Joséphine, rendant hommage à sa légendaire épouse, sur l'Îlet à cabris.
L'arrêté que signe Richepance le 17 juillet 1802, pas plus qu'aucun autre de ses écrits, même au faîte de sa gloire et de ses succès, ne fait mention de l'esclavage ni de son rétablissement. Officiellement, seul le titre de citoyen français y est retiré aux non-blancs de la colonie. Toutefois, il faut lire entre les lignes pour interpréter ce texte tout en subtilités : on y décèle par exemple le retour du mot "maîtres" substitué à celui de propriétaires, le recours à la "discipline correctionnelle" plutôt qu'au fouet, ou la référence au "divagant" pour désigner le marron. En un mot, le retour à la situation antérieure à 1789 sur la condition des personnes est en réalité l'officialisation du Code Noir et, par conséquent, le rétablissement de facto d'un esclavage que seul l'arrêté Ernouf du 14 mai 1803 rétablit juridiquement en Guadeloupe. Du reste, ni les propos postérieurs d'un Lacrosse, ni, surtout, ceux très alarmistes de Leclerc dénonçant les maladresses et la précipitation de Richepance à appliquer les consignes de Bonaparte, ne laissent de doutes sur la réalité des faits : que le rétablissement de l'esclavage ait été l'objectif final de sa mission apparaît évident. Mais à une condition : que l'ordre soit d'abord rétabli par l'écrasement total de la rébellion, par la négation de toute forme d'autorité émanant des hommes de couleur et par la déportation des derniers rebelles. N'est-ce pas la preuve évidente que le rétablissement de l'esclavage à la Guadeloupe n'était pas la cause mais bien la conséquence du succès de la mission préalable de l'expédition conduite par Richepance ? Leclerc, arrivé avec les mêmes instructions à Saint Domingue, a finalement échoué dans sa tentative d'y rétablir l'ordre. Les mêmes causes n'ayant pas eu les mêmes effets, la République noire de Haïti a pu naître le 1er janvier 1804 sans avoir jamais connu le rétablissement de l'esclavage.
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SOMMAIRE
HISTOIRE
21 octobre 1801, les hommes de couleur prennent le pouvoir en Guadeloupe
6 mai 1802, le Général Richepance arrive en Guadeloupe pour y rétablir l'ordre
Baimbridge et Fouillole dans la tourmente révolutionnaire de 1802
Matouba, 28 mai 1802
L'agitation politique en Guadeloupe entre 1794 et 1802
Chronologie
PERSONNAGES
Le combat de Delgrès
Le combat de Richepance
Biographies des principaux protagonistes
ETAT DES LIEUX
Les communes de Guadeloupe
L'agriculture en Guadeloupe en 1799
La population de Guadeloupe en 1796
La politique coloniale de la France à l'époque révolutionnaire
REFERENCES
Textes historiques
Glossaire historique
Textes littéraires
Illustrations audio-vidéo
Bibliographie
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par René Bélénus
© Médiathèque Caraïbe / Conseil Départemental de la Guadeloupe, mai 2002 - mai 2022