Dossier Laméca
BOMBA & PLENA DE PORTO-RICO
2. INSTRUMENTS
Tambores de bomba
La Bomba se joue sur des tambours en forme de fût, tambores abarrillados, barriles de Bomba. Membranophones, los cueros sont des peaux de cabri. Il faut en distinguer deux types, ceux de Loiza Aldea, Santurce, Arroyo, Guaynilla et ceux de Ponce de plus grandes dimensions.
La page musicale classique de Don Ismael "Maelo" Rivera, "Chiviriquitón", dont l'estribillo entonne :
Su carne fue fricase
Por los cuantos cumbancheros
Luego su cuero sirvió
Para timbas y timberos
Va charpenter l'élément de fundamento de la percussion afro-boricua.
La Bomba se joue les musiciens assis à califourchon sur le tambour.
Les tambours de Bomba sont affinés comme suit :
Le tambour de base, appelé burlador ou buleador, ou encore segundo maintient le rythme constant. El primo tambor, soliste locuteur, appelé requinto ou subidor, suit les danseurs.
Les baguettes, palitos, idiophones accompagnant les tambours par un rythme fixe appelé cuá, sont joués sur des tiges de bambou ou sur des bois fouillés.
Les maracas, idiophones indo-caribéens, accompagnent le rythme du début ad libitum.
Tambores de plena
La Plena comporte plus d'éléments européens que la Bomba. Les trois tambours plats monomembranophones, les panderetas, proviennent probablement de Jamaïque, Barbade ou Trinidad, lors des phases migratoires de la fin du 19ème siècle. Ils appartiennent à la famille des tambours plats d'origine arabo-hispanique.
Les musiciens sont au nombre de trois, chacun tenant un tambour à la main.
Ceux-ci sont affinés comme suit :
Le premier ou seguidor maintient le rythme. Le second ou requinto se charge de l'improvisation. Le trosième, segundo ou punteador, tambour médium, intervient en contre-chant, contre-rythme du seguidor.
Dans l'exécution de la Plena, le güiro portoricain soutient le rythme.
Définitivement, la Plena est fille du quartier nègre de San Anton de Ponce. Sa carte d'identité se décline dans cette célèbre cuarteta :
La Plena que yo conozco
No es de la China ni del Japón
Porque la Plena viene de Ponce
Viene del barrio de San Antón
"Plena de San Anton" (1996) par Los Pleneros de la 21 (extrait).
Caractéristiques communes
Pour appartenir fondamentalement à nos musiques afro-caribéennes, ces deux répertoires rythmiques afro-boricua sont charpentés de manière classique dans leur exécution : tambour(s) de base et tambour soliste suivant les pas des danseurs.
Le chant obéit à l’antiphonie : chanteur soliste ou cantao et réponse. Le coro callejero à trois ou quatre voix renforce la mélodie lors de l’adjonction d’instruments étrangers à la Bomba et la Plena. On y perçoit la permanence du chant à texture espagnole "borinquennisée". La charpente espinela sous forme de cuarteta sera utilisée dès les années 1820.
Il faut noter que la qualité des chanteurs, soneros, portoricains qui ont fait connaître ces genres musicaux hors de Ponce et Loíza Aldea à partir des années 1950, les font passer de strates folkloriques du temps de Bumbún Oppenheimer au rang de musique boricua moderne s’insérant ainsi dans le courant improprement appelé musique latine.
Après le boléro, la guaracha, la danza et le lelolai, Porto-Rico se dotait à la fois d’une carte de visite et d’un passeport avant de devenir "terre de salsa". Sans pour autant perdre leur statut de point de ralliement social et souvent porte-voix nationaliste dans le cadre de la cancion protesta (chanson protestataire), la Bomba et la Plena n’ont pas laissé le champ libre de la contestation politique aux seuls seis ou mapeyé (autre styles musicaux portoricains).
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SOMMAIRE
1. Musique
2. Instruments
3. Musiciens
4. Racines dans le vent
Illustrations musicales
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Par Alex E. Petro
© Médiathèque Caraïbe / Conseil Général de la Guadeloupe, 2001