Dossier Laméca
Kalinda et combats de bâtons à Trinidad
2. TRINIDAD ET SON CARNAVAL : UN PEU D'HISTOIRE
Trinidad est l’île la plus au sud de l’archipel Caraïbe. Riche d’une diversité culturelle méconnue, elle porte les empreintes de traditions multiples. A l’origine peuplée par les amérindiens Caribs et Arawaks, Trinidad est d’abord colonisée par les Espagnols arrivés en 1498 avec Christophe Colomb. Elle devient en 1802 une colonie britannique et, depuis 1962, Trinidad est une république indépendante.
Parallèlement aux dominations politiques espagnole puis anglaise, la fin du 18ème siècle et la plus grande partie du 19ème siècle sont marquées par la domination d’une puissante plantocratie française. Cette plantocratie a émigré de Saint-Domingue, de la Martinique, de la Guadeloupe, de la Dominique, à la suite de la cédula de población - édit de peuplement - proclamée en 1783 par la couronne d’Espagne qui offrait des terres exploitables à tout planteur expérimenté qui viendrait avec ses esclaves construire une économie sucrière à Trinidad. Seule condition requise : être de foi catholique. Au même moment, les colonies françaises sont agitées par des troubles révolutionnaires et des élans émancipateurs qui font écho aux idées véhiculées par la révolution française. Des révoltes sanglantes éclatent dans ces îles et une partie de la plantocratie alors menacée fuit vers Trinidad qui lui ouvre ses frontières. Une société esclavagiste se met en place et seules quelques années suffisent pour que Trinidad devienne une colonie florissante. A la domination économique française s’ajoute une domination culturelle : on parle alors un créole à base lexicale française, les pratiques vestimentaires s’inspirent de la mode empire et on célèbre avec dévotion le carnaval !
D’abord célébré par les colons français et interdit aux esclaves, le carnaval est une saison de plaisirs et d’amusements réservée aux colons. Mais bals masqués et déjeuners champêtres se font en présence des esclaves qui participent indirectement aux festivités et ce, en tant que serviteurs ou musiciens. Après l’abolition de l’esclavage, le carnaval a été le lieu où les conflits de la société coloniale se sont exprimés de manière tangible. Des enjeux de pouvoir ont été négociés et des revendications identitaires ont été proclamées par les esclaves émancipés. Et, dans la trame des pratiques et des interactions, le calypso a été inventé et le carnaval s’est structuré jusqu’à devenir, au cours du 20ème siècle, un des symboles de la république indépendante de Trinidad et Tobago.
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SOMMAIRE
1. Kalinda et combats de batons à Trinidad : introduction
2. Trinidad et son carnaval : un peu d'histoire
3. Des feux de cannes aux Cannes Brulées
4. Nègre Jardins Bands
5. Des Cannes Brûlées au carnaval d’aujourd’hui
6. Kalinda et Caraïbe
7. Le pouvoir du chant
8. Les tambours
9. Symbolique associée aux tambours
10. Kalinda is a spirit
Extraits musicaux
Bibliographie
conférence audio
"L'héritage franco-créole de la culture trinidadienne"
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par Florabelle Spielmann
© Médiathèque Caraïbe / Conseil Départemental de la Guadeloupe, octobre 2012 - février 2022